Etude sur les de Fortescu français

M. E. LEPINGARD

Généalogiste,

MEMBRE DE LA

SOCIETE D'AGRICULTURE, D'ARCHEOLOGIE

ET D'HISTOIRE NATURELLE

du Département de la Manche.

1894

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NOTICES, MéMOIRES ET DOCUMENTS (Vol 12)

BNF - Gallica p131-p160


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Etude sur les de Fortescu français



La tradition et les généalogistes veulent qu'à la bataille de Hastings, Guillaume le Bastard ait dù la vie à l'un de ses hommes d'armes, Richard Le Fort, qui couvrit le conquérant de son écu au plus fort de la mêlée. Ils veulent aussi que, pour perpétuer le souvenir de son dévouement, Le Fort ait reçu le nom de Fortescu, sinon du monarque lui-même, au moins de ses frères d'armes. Il ne nous appartient pas de contester la tradition non plus que de contredir les généalogistes auxquels est due la devise des Fortescu d'Angleterre " Fortis scutum salus ducum».

Une chose est constante : la branche Anglo-Normande reçut d'importants domaines du Duc-Roi. Elle s'est perpétuée jusqu'à ces derniers temps, représentée qu'elle est par sire Hugues de Fortescu, vicomte d'Erbington, officier dans l'armée royale, né le 16 avril 1854.

La branche française n'a pas eu une vitalité moindre que le rameau anglais, mais si, à l'origine, ses membres étaient égaux en noblesse à leurs congénères, ils furent en effet, alliés aux Mauny, Seigneurs de Thorigny (Jean de Fortescu, assistait, comme parent, à une délibération concernant Hervieu de Mauny, seigneur de Thorigny -- De la Rocque. Hre de la maison de Harcourt, T.II, folio 1247.); si par la suite, ils suivirent les traces de leurs ancêtres jamais leurs domaines n'égalèrent ceux des fils du compagnon de Guillaume. De plus, à cause de leur nombreuse lignée, leurs terres s'amoindrirent progressivement, au point que, bien avant 1793, plusieurs d'entre eux n'en détenaient que de faibles débris, tandis que les autres furent réduits à recourir au travail manuel, toutefois, s'ils sont déchus, ils conservent pieusement le souvenir de leur origine, et il en est chez qui se retrouvent les indices d'une vieille race.


Leur mince patrimoine ne permit pas aux Fortescu Normands de faire aux établissements religieux des liberalités dont le souvenir se soit perpetué par les chartes. Rien donc d'étonnant qu'au XIIe siècle et au XIIIe on n'ait pas, à notre connaissance du moins, relevé le nom de quelques-uns d'entre eux. Il faut descendre jusqu'à la seconde moitié du XIVe pour rencontrer ceux de Jehan et de Guillaume Fortescu, qui vivaient , le premier en 1363, le second en 1375.

Que nos deux Cotentinais fussent contemporains le fait est notoire; parents, la chose est presque certaine mais il est difficile de déterminer le degré de leur parenté.

Guillaume fut fait prisonnier par les envahisseurs dans quelque rencontre ignorée ou dans une sortie de la garnison ; car le Roi Charles V contribua pour 500 livres tournois au paiement de sa rançon. (M.Delisle.-- Hre du chateau de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Preuves P.262, N¯177.)

Quant à Jean ce n'est pas trop présumer que de le compter parmi les écuiers et ces chevaliers qui, avec les bourgeois de Saint-Lô, de Bayeux et de Caen, anéantirent une compagnie anglaise retranchée dans la position importante "du Homme, au milieu des marais, dans la presqu'île formée par le confluent de l'Ouve et du Merderet." (M.Delisle.-- Hre du chateau de Saint-Sauveur-le-Vicomte, page 140.) Le combat eut lieu vers la mi-juin 1366 ; or, le deuxième jour du même mois, s'effectuait la montre de Jean Fortescu, écuyer, et de deux autres écuyers de sa compagnie, nommés Guillaume de Baron ou de Buron et Denys de la Mare. Il assista également au siège du château de Saint-Sauveur avec une compagnie de huit écuyers. On a de lui une quittance donnée à Jean le Flament de la somme "de VI xx XV L.tournois en preist sur ses gaiges et ceulx de huit aultres escuiers pour servir le Roi ès parties de Constantin, soubz le Gouvernement de messire l'Amiral de la mer “ (Jean de Vienne). (M.Delisle.-- Hre du château de St-Sauveur. P193.) L'acte est daté de Carentan le 29 janvier 1379-80.(Bib.Nat.-- Pièces Originales, vol. 1203. Dossier 27126.)

Jean Fortescu passa ensuite sous les ordres des seigneurs de Hambye, de la Ferté et de Thorigny et fit probablement partie de la garnison de Saint-Lô, ainsi qu'on peut l'induire d'un reçu daté de cette ville, par lequel il reconnait avoir touché "la somme de trente livres tournois pour son service en pais de Normandye, soubz le gouvernement de Messeigneurs de Hambye, la Ferté et Thorigny. “ (reçu du 18 may 1388)


Dix ans plus tard il était capitaine du Pont-d'Ouves, car, le 07 octobre 1398, ordre était donné de Paris au Vicomte de Carentan de "payer ses gaiges à Jehan Fortescu, cappitaine du Pont-d'Ouve “ (reçu du 18 may 1388); et le 17 juin 1399, il délivrait reçu de XII Liv. Vii sols IV deniers pour ses gages d'octobre 1398 à Pâques 1399. (reçu du 18 may 1388) Dans cette pièce, comme dans une semblable du 28 novembre 1400, il se disait seigneur de Saint-Evremont (sur-Lozon). (Lozon, canton de Marigny, arrondissement de Saint-Lô.)


C'est probablement lui qui, comme tuteur, désigné par justice, de Robin de Thère, écuier, seigneur du lieu, obtint le 14 avril 1402, un mandement du Vicomte de Carentan mettant en demeure un nommé Jean Ferrant " de venir gaigier à tenir de lui ou lui delessier en estat deu et suffisant se delessier peut, un molin à eaue, assis en la paroisse d'Esguelande, pres le Pont-Hebert." (Chartrier du Château de Thère, en Pont-Hébert.) La tutelle ici fut, sans nul doute, déférée comme époux de Jeanne de Sully, mère du mineur et veuve, en première noces, de Robert de Thère, écuier, seigneur du fief de Thère? Cette dame, se dit, en effet, dans un acte du 23 février 1434, "veufue de feu Jehan Fortescu, escuier." (Chartrier du Château de Thère, en Pont-Hébert.) M.de Pontaumont le fait mourir en 1403, (Histoire de Carentan, page 117.) ce que confirment deux reçus de Guillaume Fortescu, écuier, fils et héritier de Jehan Fortescu, "naguaire cappitaine du Pont-d'Ouve."(Bibliothèque Nationale, pièces originales, mêmes N° que ci-dessus.) Ces pièces permettent même de fixer le décès entre le 29 septembre 1403 et le deuxième jour de février 1404 (an.style 1403).

Guillaume Fortescu, qu'on ne saurait confondre avec son homonyme de 1363 ( --> 1375 ??), fit à Valognes, le 15 juillet 1415, la montre de sa compagnie composée, lui compris, de treize écuiers. (Bibliothèque Nationale, pièces originales, mêmes N° que ci-dessus.) Il la conduisit en Picardie et périt, quelques mois aprés à la funeste journée d'Azincourt. (Histoire de la maison d'Harcourt par la Rocque.-- preuves T.3, page 766, Monstrelet et Masseville T.4 p.53.) Parmi ses hommes d'armes, il comptait Jean, Richard et Pierre Fortescu, trois des siens.


Jean, sinon son fils, au moins un de ses proches et son principal héritier, lui succèda-t-il dans la capitainerie des Pont-d'Ouves ? L'auteur de l'histoire du Cotentin et de ses îles le laisse entendre lorsqu'en parlant de la forteresse, il indique David Howel comme successeur de Jehan Fortescu (27 mars 1418). (M.Dupont.-- Hist. du Cotentin et de ses îles T.2 p.520.)


Un fait est acquis; Jean Fortescu se soumis à Henri V d'Angleterre et, en retour, le Monarque lui fit don ou remise de ses héritages (20 sept. 1419) et prescrivit à ses Baillis de Caen et de Cotentin de le laisser jouir, attendu l'hommage par lui rendu le 15 avril de l'an VIII du régne. (Registre des dons et confiscations par le Roi Henri V d'Angleterre.-- Charles Vautier P.120 et 64.) Quant à l'aveu et dénombrement par écrit de ses domaines et autres possessions, il obtint le délai de la Saint-Michel, en exécution d'un mendement des gens des comptes du 30 avril 1420. (Bibliothèque Nationale.-- Mêmes N° que ci-dessus.) Demoiselle Jeanne Fortescu, veuve de Jean de Verdun, fut traitée non moins favorablement. (Registre des dons et confiscations par le Roi Henri V d'Angleterre.-- Charles Vautier P.120 et 64.)

Est-ce le même Jean Fortescu qui, en 1420, fut promu pour un an, grand Louvetier de Normandie (Archives départementales Série H. Abbaye de Cherbourg.), qui, fait chevalier, fut garde du scel de la Vicomté de Valognes et Cherbourg de 1422 à 1448 ? (Archives départementales Série H. Abbaye de Cherbourg. Abbaye de Notre-Dame du Voeu, à Cherbourg. 2643 et suivants.-- Archives du Calvados par Lechaudey d'Anisy. T.2, Page 375.) qui, enfin, en 1429, était capitaine de IV lances et XII archers du nombre des C lances et III archers à cheval ordonnées à Mgr le Duc de Suffolk, lieutenant du Roy ? (Bibliothèque Nationale. Même N° que ci-dessus.) Aucun document ne permet, quant à présent, de résoudre ces petits problèmes historiques; d'ailleurs au commencement du XV¯ siècle, existait un autre Jean Fortescu qui était seigneur du "Fieu de Prétot “, assis à Franquetot, village situé es paroisses de "Quetreville “ (lire Cretteville) et de "Coygnies “ (Communes du département de la Manche.-- Arrondissement de Coutances.-- Canton de la Haye-du-Puits.) aujourd'hui Coigny, trés rapprochées et même limitrophes de l'arrondissement de Valognes; il se pourrati qu'il eut lui aussi accepté la domination anglaise et en eut reçu la récompense. (Bibliothèque Nationale. Même N° que ci-dessus.)


L'exemple de Jean Fortescu ne fut pas suivi par Pierre. Cet écuier confesse, dans une quittance du 12 mai 1419, après avoir reçu de Hemon Ragnier, Trésorier des guerres, la somme de IIIIxx X livres tournois pour ses gages et ceux de onze autres écuiers de sa compagnie au service du Roi et de Mgr le Régent, " à l'encontre des anglais qui, de présent, sont ès duché de Normandie et plusieurs autres parties voisines, en la compagnie de M. de Narbonne et sous le Gouvernement de M. le Régent ". (Bibliothèque Nationale.-- Mêmes N° que ci-dessus.)

Est-ce de Pierre ou de Jean de Fortescu, ancien capitaine du Pont-d'Ouves, que sortit Tristan trouvé noble, par Montfaut, au Mesnil-Angot (1463-64), et qu'un aveu rendu au Roi, en 1465, par Jean de Villiers, escuier, seigneur et Baron du Hommet, en sa partie, désigne comme tenant de sa baronnie " avec la damoiselle, sa femme, à cause d'elle, une franche verge de prévosté, assise illec et environs “? (M.de Gerville.-- Copie de l'aveu.) Ici nouvelle incertitude. Toutefois il est rationnel de le rattacher à la branche des Seigneurs de Saint-Ebremond sur Lozon.


On est, en effet, fondé à croire que Tristan Fortescu épousa Jacquemine le Carpentier, fille de Jean le Carpentier, escuier, Seigneur de Mesnil-Angot (Le Mesnil-Angot.-- Arrondissement de Saint-Lô, canton de Saint-Jean-de-Daye.) et de Grouchy, en la Chapelle Enjugier; (Chapelle-Enjuger.-- Arrondissement de Saint-Lô, canton de Marigny.) Cette demoiselle est, il faut le remarquer, présentée dans l'aveu que Georges de Tournemine, baron du Hommet, en la partie de Villiers, rendit au Roi en 1508, comme possesseur d'une franche verge de prévosté et cela dans des termes identiques à l'énoncé de l'aveu de 1465 fourni par Jean de Villiers. On y lit... " Et une franche verge de prévosté que tient à présent demoiselle Jacquemine le Carpentier, assise illec et environs ". Au cas ou le rapprochement ne serait pas jugé suffisant pour identifier la demoiselle le Carpentier avec la femme de Tristan Fortescu, nous dirons que, dans un procès intenté au curé du Mesnil-Angot, vers la fin du XVII¯ siècle, par Léonord Fortescu, écuier, sieur de la Chesnée, à cause de l'inaccomplissement de services religieux pour l'âme de Messire Jean le Carpentier, écuier, seigneur du Mesnil-Angot, bienfaiteur de l'église du lieu, à laquelle il avait aumôné trois pièces de terre appelées le " Libera ", le " Quesnot " et la " Bucaille ", le demandeur mettait en fait, dans un soutien du 2 mars 1693, que le donateur était son aïeul. Or Léonord Fortescu ne pouvait descendre de Jean le Carpentier que par les femmes, c'est à dire, par la demoiselle Jacquemine le Carpentier de 1508 (Archives départ. de la Manche, Baillage de Saint-Lô.). Enfin, ce qui semble topique, Tristan portait le titre de seigneur du Mesnil-Angot, lorsqu'il fut assigné avec d'autres vavasseurs, pour estimer les fiefs de la Rivière et de Soulles, sis en la paroisse de Saint-Fromond et mis en criées, le 4 janvier 1470, (Arch.Nat.-- Extrait collect. Villevielle MS 40 f27 V°) par suite du décret prononcé, en 1462, des terres et seigneuries de Jean de Montenay.


Tristan Fortescu dut laisser au moins cinq fils : Nicolas, Jacques, Yvon ou Yves, Richard et Pierre. (Archives départ. de la Manche, Baillage de Carentan. En procès le 2 mai 1521, avec Raoul Poulette, Nicolas était procureur de Yvon et Richard ses frères. Dans un acte du 5 mai 1522, Pierre Fortescu était dit frère de Nicolas; dans deux actes du 7 mai et du 26 juin 1523, il prend le titre d'héritier de Nicolas.) Nicolas, l'ainé, est qualifié Escuier et Seigneur de la Vieille-Cour dans deux actes l'un de 1505, l'autre de 1512 ( 3 novembre ) (Bibliothèque Nationale. N° ci-dessus.) par lesquels il se porte caution de M¯ Robert Tostain " aiant le droit, à titre de fermage, de la Sergenterie du Hommet ". Il eut pour femme Anne de Beaugendre, qui, à la date du 23 septembre 1522, estait en justice au Baillage de Carentan, comme " veuve de feu Nicollas Fortescu, en son vivant escuyer, seigneur de la Vieille-Court ". (Archives départ. de la Manche. Baillage de Carentan.)


Le sieur de la Vieille-Cour aimait fort les procès. Rien que pour l'année 1521, nous lui en connaissons trois soit au baillage, soit aux assises de Carentan, indépendamment d'un quatrième qu'il soutenait au Parlement de Rouen. Le 2 mai 1521 un nommé Poullette l'approchait aux poursuites par lui exercées contre Jacquet le Duc pour " Excès et meffais de corps et rescousse de Namps; " le 29 juin, il plaidait " contre les Ministres et Couvent de la Perigne "; enfin, le 24 septembre de la même année , il lui était enjoint d'avoir à produire contre le seigneur de Tribehou, sur l'appel par lui fait contre Pierre Amelot, Prévôt de la Seigneurie de Tribehou. (Archives départementales de la Manche, Baillage de Carentan, années 1521 à 23.)


Quant à Jacques Fortescu, écuier, son frère, auquel était échue la Seigneurie de Langlet, il était décédé dès avant le 15 juin 1521, puisqu'à cette date, damoiselle Jacqueline Le Coq, sa veuve, procèdait au baillage de Carentan comme tutrice de leurs enfants mineurs.

D' Yves et de Richard nous ne connaissons rien, non plus que d'un Lubin Fortescu dont le nom apparaît, le 12 décembre 1521, dans un acte de procédure au baillage de Carentan.

Nicolas Ier mourut sans enfants. Son frère Pierre semble avoir été son unique héritier, (Archives départementales de la Manche, Baillage de Carentan, années 1521 à 23.) car Yves, un autre frère, déclarait, le 23 septembre 1523, qu'il ne s'était ni p......é ? héritier, ni mêlé en quoi que ce soit de la succession. (Idem (acte du 23 septembre 1523).) Pierre Fortescu et ses descendants devinrent, comme leur auteur, Seigneurs de la Vieille-Court, située au Mesnil-Angot ; Tandis que Jacques fit souche en la paroisse du Dézert, où se trouve la terre de Langlet ou Longlet.


Nous nous occuperons successivement de ces deux branches ; cependant notons dès maintenant que celle de Langlet se subdivisa à la mort deJacques Ier sieur de Langlet. Un rameau demeura au Dézert; l'autre se fixa à Saint-André-de-Bohon ; mais, des deux côtés, les ainés s'intitulaient concurrement seigneurs de Langlet.



1re BRANCHE.

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LES
FORTESCU, Seigneurs de la Vieille-Court.




I. Pierre Fortescu, " seigneur de la Vieile court ", comme héritier de son frère Nicolas 1er. -- Dans deux actes du 7 mai et du 26 juin 1523, exercés au Baillage de Carentan, il prend la qualité d'héritier de Nicolas Fortescu, à propos d'un procès soutenu contre Richard Regnault. Noble homme, Jacques de la Luzerne, seigneur de Beuzeville sur le Vey, était partie au débat.

Le 15 aoùt 1581, il était avec François Fortescu, écuier, sieur de Morfleur, témoins au contrat de mariage de Jacques Fortescu, escuier, sieur de Langlet, et de demoiselle Jeanne Clérel de Rampan, passé, par reconnaissance, devant Planchon et la Rose, tabellions à Saint-Lô.

Le 1er juilet 1593, il obtenait de noble homme François de Fortescu, du Mesnil-Angot, la remise, par suite de clameur seigneuriale, du " Clos des Champs “, et réunissait cette pièce de terre au domaine non fieffé. Nicolas II vivait encore en 1595.

III. En 1598, son fils François 1er lui avait succédé. Roissy le reconnut noble " veu ses titres ". Il avait épousé Avoye Le Peinteur, en 1585, et eut six fils, savoir : ...


Nicolas et Michel, mineurs lors de la recherche de Jacques de Mesme (n°39) ;

Charles, né le 9 juillet 1602, au Mesnil-Angot (Etat-Civil du Mesnil-Angot.) ;


Jacques et Olivier morts en bas-âge (Etat-Civil du Mesnil-Angot.) ;


Enfin, François cité par Chamillard (Recherche de noblesse (imprimée) page 120.) ;


François, premier du nom mourut le 1er mars 1618. (Etat-Civil du Mesnil-Angot.)


IV. A son décés, Nicolas III, son fils ainé, devint seigneur de la Vieille-Court. Le 30 octobre 1605, il était témoin au mariage de Mathieu Mignot et d'Anne Bréard. Il maria deux fois : sa première femme fut demoiselle Madeleine Le Mennicier ; la seconde demoiselle Anne Le Jay. C'est à tort que Chamillard fixe en l'année 1631 le mariage de Madeleine Le Mennicier avec le sieur de la Vieille-Court, car il résulte des registres de l'Etat-Civil du Mesnil-Angot que la dame de Fortescu fut inhumée le 17 décembre 1630. L'union de Nicolas de Fortescu et d'Anne Le Jay eut lieu avant le 29 mai 1643. A cette date, en effet, les époux étaient séparés quant aux biens. (Archives du départ. de la Manche.-- Famille de Fortescu.)


La séparation fut causée par le mauvais état des affaires du seigneur de la Vieille-Cour, dont le revenu était cependant évalué à 2.000 Lt. de rentes par le rôle de la noblesse dressé en 1640. (Mémoire de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle de la Manche.-- T. XI.)


Nicolas III mourut le 15 juillet 1648. (Etat-Civil du Mesnil-Angot.) C'était " un homme propre à rien, " suivant le rôle en question. De son union avec demoiselle Madeleine Le Mennicier, sa première femme, sortirent trois fils :


Michel de Fortescu, écuier, sieur du Lieu ;

Léonord, écuier, sieur de la Chesnée ;

Et Tanneguy, écuier, sieur du Taillis.

Il ne parait pas avoir eut d'enfants de son second mariage, et aucun de ses fils ne prit la qualité de sieur de la Vieille-Court, titre qui s'éteignit par suite de dépiècement de fief, ou qui passa à quelqu'acquéreur inconnu des terres et rentes constituant cette seigneurie.

La descendance des trois fils du dernier seigneur de la Vieille-Court, fut fort nombreuse ainsi que celles de leurs oncles François II, sieur de Launay, et Michel, sieur des Beaux-Regards. Elles s'éparpillèrent dans toutes les paroisses environnantes, tandis qu'elles paraissaient s'arrêter au Mesnil-Angot, au commencement du XVIII° siècle. Peut-être faut-il attribuer cette subite et totale disparition à l'insuffisance des documents que nous avons pu consulter.



2eme BRANCHE.


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LES
FORTESCU, Seigneurs de Langlet.






Comme nous l'avons vu plus haut, Jacques de Fortescu, fils de Tristan et père de Nicolas, seigneur de la Vieille-Court eut en partage le fief, terre et seigneurie de Langlet ou Longlet, située en la paroisse du Dézert. (La carte cantonale de Saint-Jean-de-Daye porte Longlet.)


De son mariage avec damoiselle Jacqueline Le Coq (Arch. dép. Bail. de Carentan.-- 15 et 20 juin 1521.) sortirent deux fils : Richard et Pierre, dont la filiation se justifie par la maintenue de noblesse prononcée le 24 décembre 1598, par Roissy, rapprochée d'un acte de procédure du 15 juin 1521 exercé au Baillage de Carentan, ainsi que de la recherche de Chamillard. En effet, d'aprés Roissy, Jacques (II), sieur de Langlet et fils de Richard, était cousin germain de Pierre qui demeurait à Saint-André-de-Bohon, et était fils de Pierre (1er). Donc Richard et Pierre 1er étaient frères. Or comme en 1521, Jacqueline Le Coq, veuve de Jacques 1er était en procés au Baillage de Carentan, tant en son propre nom qu'en celui de son fils Richard, titré seigneur de Langlet, il s'ensuit que Pierre 1er était aussi fils de Jacques 1er, seigneur de Langlet.


Les deux frères se partagèrent-ils le fief de ce nom ? Rien ne l'établit. Toutefois il y eut des membres des deux rameaux qui portèrent concurremment le titre de cette seigneurie. Chamillard, dans sa recherche ne parle que des Langlet du Désert. C'est de cette sous-branche qu'il sera d'abord question.

Rameau du Désert.


I. Richard Fortescu, seigneur de Langlet, épousa suivant la recherche de 1666, damoiselle Martine " Nouisdie? ".Avec le scrupuleux éditeur de cette recherche, nous doutons fort de l'exactitude de ce nom de " Nouisdie "et croyons qu'il convient de le remplacer par " Voydie ", très commun à Graignes et environs, lequel aura été écrit et orthographié Uoisdie, mot dont la lettre capitale peut avoir été prise pour un N.

Richard mourut bien avant le 22 décembre 1594, puisqu'à cette date, Jacques II, son fils, reconnaissait une dot de 220 Lt. à sa sœur Jeanne.

II. Jacques II hérité de la terre et du titre seigneurial de Langlet. Il habita le Désert et fut marié deux fois : la 1re avec demoiselle Jeanne Cleret alias Clerel, fille de noble homme Michel Clerel, écuier, seigneur de Rampan (Montcoq) et de Lignerolles, et de damoiselle Louise Le Roy (1581) ; La seconde fois, avec damoiselle Madeleine Cabazac, veuve du sieur de Montliquet (1604).

De Jeanne Clerel il eut deux fils, Guillaume et Jacques et une fille du nom d'Anne, mariée, en 1606, à noble homme Jean du Mesnil. Deux filles sortirent de son union avec la damoiselle de Cabazac, Judith qui, en 1628, épousa Me Pierre Capelle, avocat à Saint-Lô; Françoise qui devint, en 1630, la femme de Gilles Basire.(Registres paroissiaux du Mesnil-Angot.)



III. Son fils et son unique héritier, Guillaume de Fortescu, écuier, seigneur de Langlet, épousa, en premières noces, Rachel de Fortescu, fille du sieur de la Vieille-Court, (Registres paroissiaux du Mesnil-Angot, 28 avril 1617.) dont il eut Jacques et François nés, le premier, en 1619, le deuxième, en 1626. (Registres paroissiaux du Mesnil-Angot, 28 avril 1617.) D'un second mariage avec Claude Le Mouton (1633) sortirent Marc-Antoine et Pierre. Le sieur de Langlet mourut le 14 janvier 1639, (Registres paroissiaux du Mesnil-Angot, 28 avril 1617.) laissant et son fief et son titre à Jacques III, son fils ainé.


Celui-ci n'en jouit pas longtemps. Dés le 22 décembre 1640, il l'échangeait avec noble homme Hervé Le Roy seigneur de Daye, contre des terres en roture sises à Saint-Pierre-d'Arthenay. Se prétendant lésé par cet échange, il poursuivit la résolution du contrat pour, enfin, consentir à son éxecution, sous la condition cependant que Hervé Le Roy lui constituerait 700 livres de rentes hypothèque en huit parties. (Contrat du 28 décembre 1644, devant Jacques Girard, tabel. de Quibou, àSaint-Lô.) Jacques de Fortescu quitta bientôt aprés le Désert pour habiter le Plessis-Grimoult (élection de Vire), où Chamillard le trouva noble, en 1666.


Ses frères eurent leurs parts des 700 Lt. de rentes, prix de la terre et seigneurie de Langlet, car l'un d'eux, Marc-Antoine, recevait, le 28 octobre 1661, (Actes devant les tabel. de Quibou, à Saint-Lô.) de noble dame Françoise de Palme, veuve de Hervé Le Roy seigneur de Daye et de Langlet, l'amortissement d'une rente hypothécaire de 60 Lt., que lui avait transportée Jacques, son ainé, par contrat du 7 septembre 1656. (Actes devant les tabel. de Quibou, à Saint-Lô.) Ce dernier décéda antérieurement au 23 février 1674.


Marc-Antoine s'était également expatrié. Chamillard l'indique comme demeurant à Mestry, paroisse de la sergenterie d'Isigny, Election de Bayeux. (Recherche imp. p.121.) Le 29 janvier 1675, il poursuivait devant le Baillage de Carentan, damoiselle Marie Bourdon, veuve d'Antoine de Montfiquet, écuier, son débiteur. (Arch. dép. Baillage de Carentan.)

Le seul fils de Jacques III, seigneur de Langlet, qui soit connu, était Charles de Fortescu, écuier, sieur du Lieu, (Le Lieu dit de Fortescu nous est inconnu.) lequel demeurait à Danvou, vicomté de Vire. Le 23 février 1674, (Tabellion de Quibou, à Saint-Lô.) il vendait à Jean Esse, bourgeois de Saint-Lô, une des huit rentes cèdées à son père par le seigneur de Daye comme prix du fief de Langlet. Dans le contrat, il ne prend pas le titre de seigneur, quoiqu'il le porte dans un acte de baptème reçu au Désert le 1er mars 1667, et que dans ce même acte, la marraine, damoiselle Françoise de Fortescu soit dite " tante " de Charles de Fortescu, écuier, seigneur de l'Anglet ; il lui est également donné, le 2 mars 1704, lors du baptème de son fils Hervé-François-Alexandre, célébré en l'église du Désert, et auquel était témoin un autre Charles de Fortescu.


Dans aucun acte n'apparait le nom de la femme de Charles, sieur de Langlet, dont la mort arriva entre le 2 mars 1704 et le 3 janvier 1707.

A cette dernière date, Hervé-François-Alexandre de Fortescu, son fils est titré "écuier et sieur de Langlet " dans l'acte de baptème au bas duquel il fait sa croix comme parrain. Le nouveau sieur de Langlet était généralement désigné sous le prénom unique de François; mais il porte les trois prénoms dans l'acte de mariage de sa fille Françoise et de Michel Voidie, dressé le 20 juin 1775. (Registres Paroissiaux du Désert.)


Hervé-François-Alexandre épousa damoiselle Marie-Madeleine-Françoise Lempérière, dont il eut cinq fils :

Jean-François baptisé en 1741; Charles-François, en 1744; Paul, en 1748 ; Joseph-Antoine, en 1751 ; Georges-Antoine, dont la date de naissance est ignorée. Le sieur de Langlet mourut avant le 22 mars 1770, car la demoiselle Lempérière, sa femme, est désignée comme veuve dans l'acte d'un mariage auquel elle assistait, comme témoin, avec son fils Jean-François.

Quelques mois plus tard, Jean-François de Fortescu se titra sieur de Langlet. (Registres paroissiaux du Dézert.-- 19 novembre 1770.) Il eut pour femme Anne Voidie, dont sortirent, Jean-François (II), mort en 1785 ; Michel-Alexandre, baptisé le 20 septembre 1775 ; François-Hervé-Alexandre, baptisé le 6 aoùt 1777.


Aucun d'eux ne prit le nom de Langlet, qui passa, on ne sait pourquoi, ni comment, à Paul de Fortescu, écuier, leur oncle en l'année même où mourut son neveu Jean-François (II?) (1785), fils ainé de Hervé-François-Alexandre (erreur de Lepingard -- Jean-François I)

Paul de Fortescu de Langlet eut pour femme Catherine Regnault qui lui donna une trés nombreuse lignée. Il nous a paru inutile de l'établir, non plus que celle de ses frères et soeurs. Leurs descendants existent maintenant encore, notamment dans les arrondissements de Saint-Lô et de Bayeux.

Notons, en terminant cette partie de notre étude, qu'en 1793, René de Fortescu, écuier, de la paroisse du Dézert, est compté parmi les Emigrés du Département de la Manche. (Histoire du Dézert par M. l'Abbé Bernard. T.IV, p.366 4.10.) Cependant nous ne l'avons rencontré ni sur les registres paroissiaux de cette localité, ni sur ceux des paroisses circonvoisines. Peut-être nous a-t-il échappé.




Rameau de Saint-André-de-Bohon



Une remarque avant de parler des Fortescu de Saint-André-de-Bohon.

Aprés Roissy, qui maintint noble, en cette paroisse, Pierre, Fortescu, fils Pierre, Chamillard n'en mentionne aucun au même lieu, et cependant les registres paroissiaux de Saint-André contiennent entre autres, l'acte du mariage de Robert Fortescu, l'un des petits-fils de Pierre, avec demoiselle Françoise Boissel, célébré le 25 mai 1660 ( la recherche est de 1666 ), et l'acte de décés de ce même Robert, daté du 14 décembre 1684. Pourquoi ce silence ? Est-ce à cause de dérogeance ? Mais tous ces Fortescu portaient au grand jour et officiellement le titre d'écuyer et aussi celui de noble homme. D'ailleurs, par une sentence du 17 janvier 1623, le Baillage de Carentan (Archives départementales.) jugea à l'encontre de Pierre de Brey, écuier, et du curé de Saint-André-de-Bohon, qu' Antoine Fortescu et sa femme comme étant les plus âgés, " jouiraient des honneurs " dans l'église, la question de Banc et de Séance réservée.

Peut-être les interessés négligèrent-ils de produire leurs preuves de noblesse ou n'en présentèrent-ils que d'insuffisantes ? Nous ferons à ce sujet remarquer qu'aucun membre du rameau des Bohon n'est cité dans le " Roole de la noblesse du Costentin", en 1640, (Notices et mémoires de la société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle de la Manche, Tome XI, p.59-1.) tandis que les de Brey y figurent et furent en 1666, compris parmi les nobles de quatre degrés. Notons, en outre, que pour le plus grand nombre des Fortescu de cette lignée, la particule " de " manque à leur nom.


Et maintenant exposons les renseignements, d'ailleurs assez rares, que nous avons recueillis sur les Fortescu de Saint-André-de-Bohon.

Pierre 1er du nom, a sa place dans Roissy, ainsi que Pierre II, son fils, qui sont, l'un et l'autre, maintenus pour avoir justifié. Nulle qualification n'accompagne leur nom. Cependant Pierre II était sùrement titré sieur de Langlet ; les registres de sa paroisse sont là qui en témoignent ; l'acte de baptème de sa fille Françoise, qui est du 31 mars 1602, la dit "fille de noble homme Pierre Fortescu, sieur de Langlet"; ainsi en est-il de l'acte d'inhumation de ce même Pierre " en son vivant sieur de Langlet ". Il décéda le 21 mars 1615. (Registre de l'état civil de Saint-André-de-Bohon.)

D'un mariage inconnu (Pierre II Fortescu avait probablement épousé une demoiselle " Lenfant ". Le journal du domaine de Carentan pour les années 1702-1705 mentionne " les hoirs Pierres Fortescu-Lenfant, écuier ; à présent les seigneur de Grainville : à présent les soubsaagés de feu Jacques de Fortescu, pour le fief au Neveu, 6 sols ". (Archives de la Manche, série a n°66).), Pierre II Fortescu eut trois fils : Antoine, Jean et Jacques. Le second mourut jeune. Antoine, l'ainé, succéda dans le titre de son père ; Jacques reçut ou prit celui de sieur de la Prairie.


Le sieur de Langlet épousa Françoise Le Joly, et en eut trois filles : Marie, baptisée le 30 mars 1622 ; Madeleine, le 30 novembre 1630 ; Jeanne, l'ainée peut-être, qui fut marraine le 6 janvier 1634, (Etat civil de Saint-André-de-Bohon.) épousa Pierre Allez, dont elle était veuve en 1635. (Archives départementales, domaine de Carentan, fiefferme des Bohons A.90.) Elle tenait des terres de la fiefferme de Bohon.


Nous ne connaissons d'Antoine Fortescu qu'une seule particularité. Il sistait en 1626 et en 1643 comme " Chevalier " à la chevauchée du " Mennelu ", d'abord, à cause de la minorité de son neveu, et ensuite en son privé nom, à ce qu'il semble. Il y prit part une troisième fois, en 1673 et 1674, comme procureur et représentant de Monseigneur le Comte de Croisy, (un d'Harcourt), propriétaire de la fiefferme de Bohon.

Avec lui s'éteignit son titre sieurial ; ni Jacques, son frère, ni les enfants de celui-ci ne le relevèrent ; ils conservèrent l'appellation de " sieur de la Prairie ".

Les Fortescu, de Saint-André de Bohon, semblent avoir pris fin dans les dernières années du XVIIe siècle, à l'exemple de leurs homonymes de la Vieille-Court.

Ils possèdaient quelques héritages au lieu de leur résidence. Le fait est constant, puisque d'un acte exercé au Baillage de Carentan, le 17 juillet 1623, (Archives départementales, Baillage de Carentan.) il résulte qu'Antoine, sieur de Langlet, devait, comme dîme, à son curé, 10 boisseaux de pommes ou 7 livres 10 s.t. Ils tenaient même en aînesse le fief " Raoul de Bouhon ", d'une contenance de 75 acres ou 300 vergées. Cette roture dut être, dans le principe, terre noble; son nom seul l'indique suffisamment. Cette hypothèse s'appuye, du reste, sur le titre de chevalier de " Mennelu " (Le mot " Mennelu, Mennelut ", était croyone-nous, le nom primitif du cens dù au seigneur. Celui de " Menelencage " signifiait paiement ou perception du Mennelu. Ce dernier équivaut à Cueillette. La perception du Mennelu se faisait dans une " chevauchée " composée, à l'origine, du seigneur et de cinq chevalier, ses feudataires, qui furent remplacés, plus tard, par les " parvenus " étant ainés de certaines vavassoreries spécifiées. Le Sénéchal et d'autres officiers de justice seigneuriale y prenaient part.) imposé à l'ainé de la vavassorerie. Enfin, ès années 1702 et 1705, les mineurs Jacques Fortescu tenaient le fief au Neveu, dépendance du domaine royal de Carentan auquel ils payaient une rente de 6 sous.


Nous sommes un peu moins mal édifiés sur la situation de fortune des la Vieille-Court et des Langlet, du Désert.

La consistance du domaine non fieffé de la seigneurie de la Vieille-Court nous est fourni par un partage à douaire fait, le 29 mai 1643, entre la demoiselle Anne Le Jay, femme civilement séparée, quant aux biens, d'avec Nicolas de Fortescu, écuier, seigneur de la Vieille-Court, d'une part, et ce même Nicolas de Fortescu, d'autre part, agissant en son nom et comme représentant ses propres créanciers.

Les termes de ce partage permettent de reconstituer trés approximativement le manoir seigneurial. Il se composait d'une vaste cour où se trouvait la Maison manable, le Colombier, la grange, les étables, le fenil, ainsi qu'une autre habitation.

Le manoir proprement dit comprenait au rez-de-chaussée, une salle, une dépense, une écurie et le pressoir ; au premier, quatre chambres, dont une appelée la Chambre neuve ; une de ces chambres surmontait l'écurie ; une autre le pressoir. De vastes greniers s'étendaient sur le tout.

Des " chasses " ou avenues conduisaient au Manoir qu'entouraient le Jardin-Herbier, le Jardin-Fruitier, la Grande-Herbage (sic), le Grand-Pré, les Piéces-des-Longeraies ; le Jardin-Plichon, la Tahoterie, le Camp-Fouriette, le Clos-des-Champs, et le Clos-Jean. (Archives départementales de la Manche. Fam. Fortescu.) Nul doute qu'au XVe siècle, l'étendue du domaine non fieffé n'ait été plus grande. Jean Le Carpentier, seigneur du Mesnil-Angot, en détacha une partie lorsque, pour le salut de son âme et celle des siens, il aumôna l'église de sa paroisse des trois pièces de terres nommées le Libera, le Quesnot et les Bucailles.


Quant aux aînesses composant le domaine fieffé, les seules qui soient connues sont le fief de la Guilleminière, sis au Mesnil-Angot, proche de la maison de Daye (Voir la carte cantonale de Saint-Jean-de-Daye.) et le grand fief Tahot, qui touchait d'une part, à la Voye du Ménage-Tahot, au chemin tendant du Hommet à l'église du Mesnil-Angot, et, d'autre part, au chemin de Saint-Pierre-d'Arthenay au Pont-Gambon.


C'est, à n'en pas douter, à l'ancien domaine de la Vieille-Court que se rattachaient également les quatre-vingt-douze vergées de terres qui, en 1685, composaient l'avoir des mineurs de Jean-François de Fortescu, écuyer, sieur de Beauregard, appartenant au rameau de la Vieille-Court. Son manoir était voisin de l'église du Mesnil-Angot et des terres généralement situées sur les chemins partant de l'église et principalement sur ceux tendant à Morfleur et au Pont-Gambon. Nous ne saurions dire si ces immeubles firent partie du domaine non fieffé ou du domaine fieffé. (Archives de la Manche.-- Baillage de Saint-Lô.)

Les de la Vieille-Court possédèrent aussi des fonds relevant de la seigneurie de Tribehou, car on trouve, en 1521, " Nicolas Fortescu appellant de Pierre Amelot, prévost en cette seigneurie " et recevant " l'injonction de produire, vers le sieur de Tribehou par Me Richard des Noz et à l'Assise." (Archives départementales. Baillage de Carentan.)


De plus ses descendants, sinon lui, avaient des immeubles à Saint-André-de-Bohon. La preuve se réduit d'un acte exercé, le 17 janvier 1623, au Baillage de Carentan, dans un procés intenté par le curé de cette paroisse à Antoine Fortescu (un Langlet), en vue d'obtenir la délivrance de la dime des pommes sur la récolte de 1622. Il y est dit que si le sieur de Fortescu consent à fournir 10 boisseaux de fruits ou une somme de 7 livres 10 sous pour l'année courante, il se réserve " d'approcher " le sieur de la Vieille-Court en ce qui concerne l'année 1621. (Archives départementales. Baillage de Carentan.)


Il nous reste à parler des possessions du rameau des Langlet du Désert.

A l'origine, le fief, terre et seigneurie de Langlet relevait de la Baronnie du Hommet par un demi-fief de chevalier entier (sic). Au démembrement de la Baronnie, il entra dans la mouvance de la demi-Baronnie de la Rivière. Son nom lui vint-il d'une famille de Langle (de Angulo). (il en existait une en 1295 en la paroisse de Graignes, suivant une charte de Richard de Beuzeville qui cite " Robertus de Angulo " comme possesseur de terres en cette localité), ou bien tout simplement provient-il d'un terrain ainsi dénommé, comme on peut le prétendre en s'appuyant sur cette même charte qui parle de deux acres de terre sises " in Angulo as Vaquelins "? (Archives de la Manche, Cartulaire imprimé de la Perrine, p.27.) Nous ne voulons point nous prononcer, quoique nous penchions plutôt vers cette dernière interprétation, car, de nos jour, on dit trés fréquement un coin de terre. Un coin est un solide " anguleux ".


Ainsi nous ne connaissons du domaine direct de cette dernière seigneurie que les noms des six ou sept pièces de terre, savoir : le Clos-de-la-Fontaine, le Petit-Jardin y joignant et une maison dessus étant, ce ténement sis au Dézert ; le Grand-Jardin-de-la-Grange, le Clos-à-Genêt, les Closets, le Grand-Clos et le Petit, s'entretenant et situés au Mesnil-Vénéron et à Graignes, sur les chemins de la Fullye tendant à Saint-Jean-de-Daye, et de Langlet aux marais de Graignes. Encore devons nous cette bribe de renseignements à l'acte d'engagement de ces champs que souscrivit, en 1587, Jacques III de Fortescu Langlet au profit de son beau-frère, noble homme André Clérel seigneur de Rampan et Lignerolles, à charge " tant seulement de lui faire foy et hommage..”

Quant au domaine fieffé ou gage-plège, il s'étendait sur le Dézert et le Mesnil-Angot. Il comprenait pour le moins les PRES? du Grand-Morfleur, du Petit-Morfleur, du Mutrel et de SOULLES? , qui se groupaient autour du lieu-dit Morfleur, assis à l'ouest de l'église du Mesnil-Angot et au nord de la rivière du PORT? -Féron. A la fin du XVIe siècle, les principaux tenants de ces ainesses étaient les Mignot, qui s'allièrent aux Fortescu, les Pymont et les Duc-la-Haye, auquels succédèrent pour partie un bourgeois de Saint-Lô, Jean Le Clerc, riche tanneur de cette ville.

En 1725, la terre de Morfleur faisait partie de la succession de noble homme Marc-Antoine Le Roy, écuyer, seigneur de Daye, un des fils de ce Hervé Le Roy, qui, en 1640, avait acquis le corps de la seigneurie de Langlet. le bannissement en fut fait alors au nom du fils mineur de Scipion Le Roy, écuyer, sieur de Pontchais, (Pontchais, aujourd'hui grimouville, terre située à Saint-Lô, au sud de cette ville. Voir villages de Saint-Lô. Annuaire de la Manche, 1894.) héritier bénéficiaire de Marc-Antoine.



Lepingard .



Fin de cette étude



LISTE DES MEMBRES

DE LA

SOCIETE D'AGRICULTURE, D'ARCHEOLOGIE

ET D'HISTOIRE NATURELLE

du Département de la Manche.

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PRESIDENTS D'HONNEUR.

MM. Le Préfet de la Manche, O *;

Le Maire de Saint-Lô;

Mgr GERMAIN, évêque de Coutances et d'Avranches.



VICE-PRESIDENT D'HONNEUR.

M. H. TAUXIER *, Officier en retraite.



MEMBRE D'HONNEUR.

M. PRON (le baron) C *, ancien Préfet.



ADMINISTRATION.

Président : M. E. LEPINGARD.

Vice-Présidents : MM. l'abbé BLANCHET, A. MATINEE, *.

Secrétaire : M. GAMBILLON.

Secrétaire-Adjoint : M. le docteur R. LECLERC.

Conservateur : M. R. GUILLOT.

Conservateurs-Adjoints : MM. A. DIEU, ONFROY.

Bibliothécaire : M. A. LEMOISSON.

Trésorier : M. le Conte-d'OLLONDE.

Classificateur de la section d'Agriculture : M. GRANGER.

Classificateur de la section d'Archéologie : M. P. DERBOIS.

Classificateur de la section d'Histoire naturelle : M. SEBIRE.

Sous-Classificateur : M. LE LIEVRE


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