11 - Étude Généalogique : 1350-1450 : Un Siècle d'Or

Nous avons vu l'origine légendaire de la famille Fortescu. La tradition veut que Richard Le Fort soit revenu en Normandie avec son second fils, laissant Adam, son fils aîné, en Angleterre.

Jusqu'au milieu du XIVe siècle, nous n'avons retrouvé aucune mention concernant les Fortescu. Ils n'étaient sans doute pas assez fortunés pour faire des donations aux ecclésiastiques; ils ne figurent pas dans les chartes. Ils ne sont pas mentionnés dans les rôles de l'Echiquier de Normandie au début du XIIIe siècle (32).

E. de Magny a tout de même établi une filiation (33), qui se passe de tout commentaire :

"Information d'ancienne Noblesse d'extraction de nom et d'armes, faites en 1552, pour Messire Richard Fortescu, Chevalier, homme noble, tenant fief de la Paroisse du Mesnil, Election de Carentan au Pays de Costentin devants les conseillers du Roy Notre Sire, et ses Elus en cette Election.

Signé DU LONDEL".



Richard vivant en 1160
I
Guillaume (chevalier bachelier) vivant en 1203
I
Robert (chevalier banneret) vivant en 1239 x) Jehanne de Russy-Picot
I
Henry x) Ydette Merlet
I
Charles (chevalier en 1314) x) Marguerite Guillots
I
Antoine (sgr du Mesnil-Angot)
I
Jean vivant en 1388 x) Adrienne du Fossé
I
Messire Jehan vivant en 1420 x) Marie de Percy




E. de Magny, "Directeur de la Bibliothèque héraldique de Paris", a envoyé une copie de "l'acte" à Lord Clermont. Cette généalogie est purement imaginaire et fantaisiste. Aussi, nous n'avons pas cru bon de donner la descendance de Jehan, époux de Marie de Percy !

Par ailleurs, M. de Magny a certifié que toutes les généalogies envoyées à Lord Clermont, étaient basées sur des documents authentiques !

"Je soussigné ancien Elève de l'Ecole Impériale des Chartes, Directeur de la Bibliothèque Héraldique et des Archives de la Noblesse, certifie que la présente généalogie de la famille Fortescu a été rédigée tant sur les documents et titres originaux conservés dans les Archives de la Bibliothèque Héraldique, que sur ceux qui existent dans les dépôts publics de Paris et de Rouen. (Paris, le 26ème octobre 1867. Le Directeur de la Bibliothèque Héraldique et des Archives de la Noblesse, Vicomte de Magny)" (34).

Le premier personnage connu semble être Pierre Fortescu.

1) Pierre

D'après M. Durant de St-Front, Pierre serait le fils de Jehan Fortescu, cité en 1260, époux de Marguerite de Pirou (35).
Il épousa vers 1340, demoiselle Guillemette aux Epaules, fille de Messire Guillaume aux Epaules, chevalier, seigneur de Ste-Marie-du-Mont.

Ainsi, ils sont mentionnés dans le chartrier de Richard Fortescu (36) :
"Monseigneur Guilleme aux Espaulles chevalier doit C soulz tournois de rente au jour Saint Michel par lettres executore du demourant de la par assiete du mariage Guillete aux Espaulles sa seur jadis fame Pierre Fortescu a justice sur toult son heritage et sur chescun pie pour le toult si comme il appert par lettre real sur ce faite".

De leur mariage seraient issus trois enfants :
- Guillaume, (suit en 2a).
- Jehan, (suivra en 2b).
- Jeannette. Elle épousa Jean de Crépon, écuyer, seigneur d'Audouville et d'Agneaux (37), vers 1400 (sans doute plus tôt).

2a) Guillaume

On sait peu de choses sur lui. Il fut engagé dans les expéditions qui amenèrent l'expulsion des Anglais du Cotentin au XIVe siècle.
Il fut fait prisonnier par les envahisseurs, en compagnie de messire Guillaume aux Epaules, chevalier, capitaine de Néhou. Par lettres du 30 juin 1375, Charles V contribua au paiement de sa rançon pour le prix de 500 livres tournois (38) :
Lettres de Charles V relatives au paiement des sommes stipulées dans le traîté qui avait été conclu avec les Anglais pour l'évacuation du château de St-Sauveur-le-Vicomte : 30 juin 1375.

"(...) certain traictié et composition avecques noz diz ennemis pour ledit vuidement, parmi lequel noz diz ennemis doivent avoir la somme de quarante mille frans; (...) item nostre amé et féal chevalier Guillaume aux Espaules sera acquictié envers noz diz ennemis de sa rençon, laquele se montoit à cinq mille et huit cenz frans, et parmi le dit traictié a esté accordé qu'il sera tenu quicte envers noz diz ennemis par la somme de deux mille frans; (...) item Guillaume Fortescu, cinq cenz frans ".

On ne sait pas si Guillaume Fortescu eut des descendants.


2b) Jehan

Ecuyer, fils de Pierre Fortescu et de Guillemette aux Epaules. Il épousa Guillemette du Hommet, avant 1373 (39). Il semblerait qu'il ait contracté une seconde alliance avec Jeanne de Silly, veuve de Robert de Thère, écuyer, seigneur du fief de Thère. En 1402, il était tuteur, désigné par justice, de Robin de Thère, écuyer, seigneur du lieu (40). Le 14 avril 1402, il obtint un mandement du vicomte de Carentan, mettant en demeure un certain Jehan Ferrant, débiteur de trois années d'arrérages, "pour venir gaigier à tenir de lui ou lui delessier en estat deu et souffisant, se delessier peut, un molin à eaue, assis en la parroisse d'Esguelande, près le Pont-Hébert" (40). En février 1434, Jeanne de Silly, mère de Robin de Thère, se disait "veufue de feu Jehan Fortescu, escuier" (40).

Jehan Fortescu assistait, comme parent, à une délibération concernant Hervieu de Mauny, seigneur de Thorigny (41).

En 1382, eut lieu la succession de Guillaume de la Haye, chevalier, fils de Robert de la Haye et de Luce de Pirou. Les notables "du sang et de la ligne" dudit Guillaume, se réunirent en présence du vicomte de Carentan, pour régler sa succession. Parmi eux, Jehan Fortescu, écuyer (42).

En 1363, un nommé Roger Avernoy, de Marchésieux, lui constituait une rente (43) :

"A toutz ceulx qui ces lectres verront ou orront, Estienne de Senechars (?), garde du scel des obligacions de la viconté de Sainct-Sauveur Lendelin salut. Sachent toutz que par devant Jehan Audeney, clerc tabellion juré et establi quant ad ce fut présent Rogier Avernoy, de la paroisse de Marchesieux, qui recognut de sa bonne volentez quil avoit vendu, quittié et delessié à fin de héritaige, à Jehan Fortescu, escuier, un cappon danuel rente au terme de Noël à prendre et à avoir par la main dudit Rogier et de ses hoirs et offre pour ce justice sur toutz ses biens meubles en quelconque lieu q'eulx soient par le sergeant royal ou sans sergeant par voie d'excécucion (44) dit Rogier en ait fait courvée et assiéte aillours en lieu souffiesant sanz nul déchié, laquelle courvée, ledit escuier sera (44). Et fut faicte ceste vente pour un flourin d'or (?) quatre deniers ledit Rogier suivant ce que a esté dit par ledit tabellion (...). Ce fut fait lan de grace mil CCC soixante et troys, le lundi de la feste de la Sainct Martin destey".



Jehan Fortescu était détenteur d'une "vavassorerie" de 60 acres à Huberville :

Aveu de Jehan de Beuseville à Jehan Fortescu et Guillemette du Hommet, sa femme, soeur de Jehan du Hommet, sieur de la Varengère, d'une "vavassorerie" de 60 acres, dont le chef est assis à Huberville (45).

Le 31 mai 1399, aveu de Jehan du Hommet, chevalier, pour "le plein fieu de la Varengière avec manoir et coulombier, s'étendant en diverses paroisses et emportant patronage d'église à Ozouville, Audouville et Fréville". Long aveu dans lequel le détail des rentes est donné. Duquel chevalier relève :

- "Jehan de St-Nazaire, escuier, pour 1/8 de fief pour lequel il doit à son seigneur 10 sols d'aide par chacun an, et s'il y deffault il est à l'amende d'un congre du prix desdits 10 sols".
- " et Jehan Fortescu, escuier, à cause de sa femme pour une vavassorerie de 60 acres à Huberville".
Lequel fief de la Varengère valait jadis 500 livres de revenus et du fait des guerres ne vaut plus que 2OO livres (46).
Il acquit plusieurs fiefs à Ste-Marie-du-Mont et à Brucheville, dont le fief du Buisson et celui de Mons, comme l'indique un aveu rendu pour ce fief le 1er octobre 1390 (47).
Le 6 mars 1376, vente de Girot Le Neir dit le Perche, héraut de la paroisse de Golleville, à Jehan Fortescu, écuyer, du moulin à eau de "Tonneie" avec ses appartenances (7 vergées de terre), le tout situé à Ste-Marie-du-Mont et Brucheville. Cette vente fut faite par le prix de 25 francs d'or (48).

Le 4 avril 1380, vente de Monseigneur Guillaume de Bricqueville, chevalier, seigneur de Laune et de Madame Marie de Couxy, son épouse, à Jehan Fortescu, écuyer, "toultes les rentes, services, faissances et redevances, homaiges et autres choses que eulz avoient et pouvent avoir et demander en la ville de Sainte-Marie-du-Mont et en la ville de Brucheville, soit en franc fieu ou de hors franc fieu (...). Et fut faicte ceste vente par le pris et nombre de cent et chinquante frans dor du coing du Roy (...)" (49).

Le 1er octobre 1390, il rendait aveu à Michel, bâtard du Guesclin, pour le fief de Franquetot (50), situé à Coigny et Cretteville (51) :

"(...) Item, sous la souveraineté du (roy nostre sire), je confesse et advoue tenir par foy et hommage de noble seigneur Michel, bastard du Guesclin, et de Madame sa femme, un membre de fief tenu par le quart d'un fief de haubert, franchement et noblement à court et usage, à simple gaige-plège, assis en la parroisse de Quetreville (alias Cretteville) et de Coigny-en-Bauptez, le quel est une des branches du fief de Prétot, et en doy au dict chevallier et dame les aydes coustumières, telles comme au dict quart de fief peut appartenir par raison et par coustume, la garde et relief, quand le cas s'offre, et ay aux dicts fiefs plusieurs rentes, faisances et redevances et plusieurs autres nobles franchises et droictures et dignités, segond que moy et (mes) prédécesseurs en avons usé au temps passé. Donné soubz mon sceel, le premier jour d'octobre, l'an mil iije iiijXX X", et plus bas : "collacion faicte. Signé Joubert et sélé".

Jehan Fortescu était également seigneur de St-Ebremond-sur-Lozon, comme l'indique une quittance du 28 novembre 1400 (52).
G. Fourrey le dit seigneur de Geffosses (53). Pour notre part, nous ne connaissons pas cette source.
En juin 1366, il faisait sans doute partie des gens d'armes qui anéantirent une compagnie anglaise dans la position "du Homme, au milieu des marais, dans la presqu'île formée par le confluent de l'Ouve et du Merderet" (54).
La Bibliothèque nationale conserve de nombreuses pièces concernant Jehan Fortescu : des quittances, ainsi que des montres de 1366 à 1403.



Le 2 juin 1366, s'effectuait la montre dudit Jehan Fortescu, avec deux autres écuyers de sa compagnie, Guillaume de Buron et Denys de la Mare (55):

"Sachent tous que je Jehan Fortescu, escuier, ay eu et recu de Remier Le Boutelier, clerc du Roy notre seigneur et son vicomte de Beyeux, receveur general es bailliages de Caen et de Costentin des aides ordones pour la delivrance de Roi Jehan derrenier trepasse, donc Dieu ait lame, et pour le fait de la guerre, la somme de douze frans d'or emprest sur les gaiges de moy et des gens darmes de ma compaignie deservans et a deservir sous le gouvernement de Monseigneur Guillem du Merle, Sire de Messy, cappitaine general es diz bailliages. De la quelle somme de douze francs je me tien pour bien paie. Donne souz mon scel le IX jour de juinz lan mil CCCLX six" (56).

En 1370 : "Jehan Fortescu, escuier du fort de Neauhou, si comme il disoit, confesse devoir a Richart Segoniz, demourant a Roan, la somme de quarante franz d'or a luy prestez, tous ses pour et en nom de Mons. Guillaume aux Espaules, chevalier, capitaine du dit fort, et son oncle" (57).

Le 1er octobre 1374 (58), eut lieu "la reveue de messire Guillaume aux Espaullez, chevalier, et de nuef escuiers de sa compagnie, faicte par nous lez mareschaux de France au Pont l'Abbé" :

"Le dit messire chevalier,
Escuiers :
Johan Fortescu
Johan Murdrac
Colin Nicole
Andry du Bos
Johan dez Moustiers
Perrinet des Moustiers
Colin de Hetehou
Thomas Le Marcheant
Raoul de Brulli"

Il assista au siège du château de St-Sauveur-le-Vicomte, avec une compagnie de huit écuyers. On a de lui une quittance du 29 janvier 1379 (59).

Le 15 avril 1379 (60) : "M. l'Amiral retenu au nombre de 100 hommes d'armes par lettres du Roy données à Paris, le 15 avril, après Pasques 1379. Et depuis retenu au nombre de 400 hommes d'armes par autres du Roy données à Montargis le 16 juillet 1379".

Dans le nombre des hommes d'armes sous la charge de l'amiral :
"(...) Jehan Fortescu
(...) Le Bastard du Guesclin".


Cette confraternité d'armes entre les deux hommes explique leurs rapports étroits. En effet, Jehan Fortescu était le vassal de Michel, bâtard du Guesclin.
Il passa sous les ordres des seigneurs de Hambye, de la Ferté et de Thorigny.
"La revue de Jehan Fortescu, escuier et huit autres escuiers de sa compaignie, revue a Carentan le XViij jour de Maie l'an mil CCCLXXX (61).

Premier.
Le dit Jehan Fortescu Jehan de Meautys
Aymery Le Nerroys Jehan de Saint Germain
Michiel Brisehanche Gorget Blondel
Mahier de Corbie Robert Tesson
Jehan de Saint Hillaire"


Il fit probablement partie de la garnison de St-Lô, comme l'indique une quittance du 18 mai 1388 (62), par laquelle il reconnait avoir touché "la somme de trente livres tourneis pour son service en pais de Normandye, soubz le Gouvernement de Messeigneurs de Hambuye, la Ferté et Thorigny".

"Saichent tuit que je Jehan Fortescu, escuier, confesse avoir eu et recu de Jehan Le Flamenc, tresorier des guerres du roy notre seigneur, la somme de trante livres tournois en prest sur les gaiges de moy et vij autres ecuiers de ma compaignie desservis et a desservir en ces presentes guerres en pays de Normandie. De la quelle somme de XXX l.t. dessus dicte je me tiens pour content et bien paie. Donné a Saint Lo, soubz mon scel le XX jour de juinz l'an mil CCCiiij XX et huit" (63).



Par ailleurs, il est mentionné dans l'Echiquier de Normandie en 1388 et 1392 (64).

En 1398, il est capitaine de la forteresse du Pont-d'Ouve :
"Sachent tous que je Jehan de Fortescu, escuier, seigneur de Saint Evremont, et capitaine ordene depar le Roy notre seigneur, de la fortresse et bastide du Pont Douve, congnoys et confesse avoir eu et recu de honnourable homme Jehan Le Chien, viconte de Coustances, la somme de quarante et une livres, sept soulz, quatre deniers tournois, a moy deubz a cause de mes gaiges du dit office de capitaine depuis le penultieme jour d'octobre mil ccciiij XX dix huit derraine passe, jusque au jour de pasques ensuivant. De la quelle somme de XLj l. vii s. iiij d. poitevois, je me tien pour bien paie, et en quitte le Roy notre seigneur, le dit viconte et tous autres. Temoins mon scel mis en ceste presente quittance le XXiij jour de juin, l'an mil ccciiij XX dix neuf" (65).

Jehan Fortescu mourut sans doute à la fin de l'année 1403 (66), laissant plusieurs enfants :
- Guillaume, seigneur de St-Ebremond-sur-Lozon (suit en 3a).
- Jehan, capitaine du Pont-d'Ouve, puis allié des Anglais (suivra en 3b).
- Pierre, au service du Roi de France (suivra en 3c).
- Richard, (suivra en 3d).
- Jeanne. Elle épousa Jean de Verdun, écuyer. Elle reçut des donations du roi Henri V d'Angleterre, pour sa soumission :
"Johanna Fortescu, vidua, que fuit uxor Johannis de Verdun, armigeri" (67)


3a) Guillaume

Ecuyer, seigneur de St-Ebremond-sur-Lozon et de Franquetot. Il était fils héritier de Jehan Fortescu, capitaine du Pont-d'Ouve, comme l'indiquent deux quittances de 1403 et 1404 (68).

Le 21 septembre 1406, il rendait aveu du fief de Franquetot à Guillaume d'Orglandes, écuyer, seigneur de Prétot :

"Fut présent à Quettreville-en-Bauptez, Guillaume Fortescu, seigneur de Saint Evremont sur Loson, fils et héritier de Jehan Fortescu, qui, de son bon gré, confessa aujourd'huy avoir faict hommage à Guillaume d'Orglandes, escuier, seigneur de Prétot, d'un membre de fieu de haubert appellé le fieu de Franquetot, séant en la paroisse de Quettreville (Cretteville) tenu par un quart de fief, à cause du franc-fieu et seigneurie de Prétot et du quel hommage, pour cette fois, le dit d'Orglandez se tint pour comptent (...)" (69).

Le 25 juillet 1415, il faisait la montre de sa compagnie, composée de treize écuyers, lui compris (70) :

"La monstre de Guillem Fortescu, escuier, et de douze autres escuiers de sa compaignie, reveue a Valognes le XXV jour de juillet l'an mil CCCC et quinze.
Le dit escuier,
Jehan Fortescu Pre Le Fevre
Ricart Fortescu Robin Le Fevre
Pierre Fortescu Jehan Peinel
Guillem Auber Jehan de Chillans
Pierre Loré Frolin de Tilly
Michelet Lenfant Raoul des Mons"

Il mourut le 25 octobre 1415 à la bataille d'Azincourt (71).
Ses frères Jean et Richard auraient partagé sa succession le 18 avril 1452 ! (72).
D'après M. Durant de St-Front, il épousa Luce de Pirou, vers 1390 (73)

Il laissa peut-être un fils nommé Guillaume :
Ce Guillaume Fortescu combattait aux côtés des Anglais en 1430. Ainsi, dans une lettre de Jean, duc de Bedford, datée du 15 mars 1430, à Rouen : "(...) par messire Guillaume Fortescu, chevalier, quatre hommes d'armes et douze hommes de trait, sa personne comprinse (...)" (74).


3b) Jehan

Ecuyer, fils de Jehan Fortescu et de Guillemette du Hommet. Il épousa demoiselle Jeanne d'Anneville, dame de St-Germain-de-Tournebut et de St-Martin-le-Vieil, fille et unique héritière de Guillaume d'Anneville, chevalier, seigneur de Tournebu, et de Jeanne d'Anneville (fille aînée de Michel d'Anneville, chevalier, seigneur de Montaigu) (75). Elle était veuve de Jean de Grimouville, seigneur de Gouville et de Carantilly, fils de Jean de Grimouville et de Jeanne de Folligny. Ce dernier mourut le 11 septembre 1409 (76). Les enfants des deux lits partagèrent la succession en 1449.

Jehan Fortescu était parent de Colin Michel, écuyer, garde noble du château de Cherbourg en 1417. Leur degré de parenté est toutefois difficile à déterminer. La recherche de noblesse de 1523 le fait épouser "la soeur de la femme de Monsieur Jean Fortescu, chevalier" (77). M. l'Abbé Canu le dit, pour sa part, époux vers 1425 de Jeanne Fortescu, fille dudit Jehan Fortescu ? (78).

Le 26 mars 1427, un acte passé au bailliage de Valognes, donne à Guillaume Férey, écuyer, la tutelle de Guillaume d'Anneville, écuyer, fils mineur de Robin d'Anneville. Le choix a été fait, entre autres, par Messire Jean Fortescu. Les parties ont également délibéré sur les procès prononcés contre ledit Jean Fortescu et autres (79).



Jean Fortescu était seigneur de St-Ebremond-sur-Lozon et de la Meauffe. Par son mariage avec Jeanne d'Anneville, il devint seigneur par usufruit de la terre et seigneurie de Tournebut et Montaigu (80), et de la Boissaye en St-Martin-d'Audouville.

En 1426, il tenait, à cause de sa femme, par hommage de la baronnie de la Luthumière, un fief ou membre de fief à Ste-Marie-du-Mont, "et enparavant dudit conquest ladite dame et ses prédécesseurs le tenoient" (81).

Le 6 juillet 1453, eut lieu aux assises de Carentan, une procédure entre Liénart Malenfant, procureur du roi au bailliage de Carentan et Roger Simon, écuyer, au nom de noble homme Jean Fortescu, chevalier, et Georges Simon, écuyer, seigneur du Buisson, pièce relative aux droits de relief et de treizièmes, appartenant au fief du Buisson (82).

Sa carrière militaire connut deux phases :

a) Jusqu'en 1417, il lutte contre les Anglais. Il était capitaine de la position stratégique du Pont-d'Ouve (83). Déjà, en 1415, il s'était sans doute battu à Azincourt (84).

Le 17 mars 1417, il signe la capitulation du Pont-d'Ouve en la ville de St-Lô, après s'être rendu à Jean de Robessart et à Guillaume de Beauchamp, chevaliers, commis par le duc de Glocester, pour traîter la reddition (85).

Texte de la capitulation (86):
"Cy ensuyt l'appointement dit et accorde le XVIIe jour de mars lan mil CCCC et XVII par entré nous Jehan de Robessart et Guilliam de Beauchamp chivalers commis de très hault, etc. le duc de Gloucestre d'une part et d'autre part Johan Fortescu, ecuier, capitaine du chastel de Pont douve, est dit traictié promis et acorde tant de l'un partie comme de l'autre en la fourme et maniere qui ensuit :

1) Primerement est dit et accordé que Johan Fortescu, capitaine du dit chastel de Pont douve ovesque le consentement des gentils hommes de la forteresse leur submettront [de rendre le dit chastel de Pont douve es mains de mon très redouté seigneur de Gloucestre (...)].

2) Item (...), que les dessus dits capitaine les chevaliers et escuiers de la dite garnison qui sen vouldront partir, partiront franchement le jour de la rendue leurs corps saufs ovec leur chevaulx, armures et vestures hormis leur artillerie duquel le dessus dit capitaine promettra sur la foy et honneur que entre cy et l'heure de la rendue ne sera fait ne souffert estre fait nulles bruleries, romperies, transportemens ne autre destruction quelz conques. Et si est entendu que les dis artilleries sont arcs, fleches, arbalestes, virettons (87), baudreux et autres abillemens pour arbalestres, canons, poudres et tout autre manerre de trait et abillemens de guerres qui sont et ont este ordonnes pour la sauve garde de la dite forteresse.

3) Item (...), et accorde que les vivres qui sont au dit chastel desmourront et ovec ce promettra le dit Fortescu comme dessus que d'iceulx ne sera fait ne souffert estre fait entre cy et le jour de la rendue transportements ne autre destructions quelsconques; mes en useront [(...) des diz vivres (...)].

4) Item les dessus dis (...), [promettront que au jour de la rendue du chastel de Pont douve ils bailleront et rendront au commis de mondit seigneur de Gloucestre tous les prisonners anglois subges, vassaulx, et obeissans et autres tenans la partie d'Engleterre, qui présentement sont au dit chastel de Pont douve ou ailleurs en leur subgeccions (...)].

5) Item sont tenuz les dessus diz de la ditte garnison de franchement acquitter [et faire acquitter tant les diz prisonners que les pleges sans ce que aucun empechement leur soit mis a present ne en temps a venir (...)].

6) Item sont et seront tenus les dessus diz [que au jour de la dite rendue bailleront et feront bailler au commis de mondit seigneur de Gloucestre tous les Anglais natifs, Galois, Yrois et Gascoings qui autrefois ont tenu la partie d'Engleterre et qui presentement sont au dit chastel de Pont douve se aucuns en y a ].

7) Item est dit traicte et accorde que les dessus diz [que entre cy et le jour de la dite rendue (...), ne recevront ne ne souffreront estre reçus dedens le dit chastel de Pont douve nulle puissance ne compaignée de gens d'armes ne de trait, sy non seullement ceulx qui presentement sont en la ditte forteresse].

8) Item seront tenus les dessus dits capitaines et touts ceux de la ditte garnison que au jour propre de la rendue d'icelluy chastel dedens heure de vespres et tous ceulx qui ne voudront demourer soubs l'obeissance comme dessus partiront et vuidront tous du dit chastel de Pont douve.

9) Item a tous les dames et damoiselles [qui presentement sont au chastel de Pont douve, mondit seigneur de Gloucestre de sa haulte seigneurie et gentillesse leur a accordé que au jour de la dite rendue ils auront et emporteront ovesques eulx tous leurs biens propres].

10) Item a tous les gentils hommes et autres de la ditte forteresse qui voudront demourer, attendre et devenir hommes lieges et vraiz obeissans et subgiez a nostre dit souverain Seigneur le Roy de France et d'Engleterre, nostre dessus dit (...), seigneur de Gloucestre par puissance et autorité a luy donnée sy accordera et accorde a tous ceulx de la condicion dessus dite pour leur tres humble submission d'obeissance tous leurs biens, meubles, heritages, terres et possessions tant dedans ledit chastel comme dehors, hormises les terres qui auront ete données par le roy nostre souverain seigneur devant ceste presente composicion et eux en joier et user paisiblement comme de leurs propres choses et comme ils solloient en devant de la rendue.

11) Item sont tenus les dessus dits capitaine et les gentils hommes de la ditte garnison que pour cest present appointement bien et loyaument entretenir bailleront et envoieront au dessus dit (...) seigneur de Gloucestre trois gentils hommes des plus notables du dit chastel et garnison de Pont d'ouve comme pour hostages lesquelles seront rebailles au dit Fortescu a l'heure de la ditte rendue.

12) Item est dit (...), que pendant entre cy et lheure de la rendue ne sera fait de l'un partie et de l'autre nulle guerre.

13) Item est dit (...), que aux dessusditz capitaine, gentilz hommes et autres de la dite garnison et forteresse qui vouldront partir le jour de la rendue, sans vouloir demourer en l'obéissance comme dessus est dit de leur faire bailler lettres de saufconduit pour franchement partir et aller hors de l'ost du dessusdit nostre souverain seigneur le Roy de France et d'Engleterre sans ce que aucun empeschement leur soit mis en corps ne en biens.

14) Et pour cest present appointement bien et loiaulment entretenir par la fourme et maniere comme dessus est déclaré, ai-je le dessusdit Jehan Fortescu, capitaine dudit chastel du Pont douve pour moy et es noms de touz mes compaignons gentilzhommes et autres de la dite garnison mis à ces présentes le seel de mes armes et signé de mon signe manuel en la ville de Saint Loo, en l'an et jour dessus dit.

David Howel lui succèda au Pont-d'Ouve, le 27 mars 1418 (88).


b) Jehan Fortescu se soumit au roi d'Angleterre, Henri V (89). En échange, ce dernier lui fit don ou remise de ses domaines (90) (91).

Par lettres du 15 mars 1419 :
"(...) Jehan Fortescu, escuier, ait l'office de capitaine, garde, gouverneur et administrateur général des guez, loges et soniers de dessus la coste de la mer au bailliage de Costentin, avec la juridiction des causes de l'amiralie dyceulx gués (...)" (92).

Henri V prescrivit à ses baillis de Caen et de Cotentin de le laisser jouir de ses domaines, vu l'hommage qu'il rendit le 15 avril 1420. Le 3O, il faisait l'aveu et dénombrement par écrit de ses possessions (93).

Le 20 janvier 1421, il fut nommé, pour un an, grand louvetier du bailliage du Cotentin (94) :

"(...) tanque en nos bois et forestes que en autres appartenances, en aucuns seignours tenants de nous (...), soient plusieurs bestes sauvaiges ravissans, et par especial loups et louves, qui ont dévouré plusieurs créatures humaines, et ont fait et font de jour plusiours maléfices tant à nous que au bien publique, et plus feroient se remede ny estoit mis; savoir faisons que nous (...), avons volenté de remédier ad ce et oster nostre pais de oppresse et inconvénient, et confiant de la loyaulté et diligence de Jehan Fortescu, escuier, nostre homme lige, icellui avons commis et establi par ces presentes (...), jusque à un an de la date de ces lettres, que il, ses commis et députés puissent chasser, prendre et faire mourir soit à force de chenes, de harnays, de fillés, ou autrement (...), tous les loups et louves qu'il pourra trouver en bailliage de Costantin et ès mettes d'environ, et pur ce faire lui avons taxé et ordonné que pur chescun loup ou loupves que il prendra ou ses commis et députés, il aura deux deniers tour. pour loup, et pour loupve quatre deniers tour., sur chescun feu demourant à deux lieues en la ronde là où les dis loups ou loupves seront prinses; de laquelle prinse qu'il fera ou fera fere, certifira, ou fera deuement apparoir aux juge ou juges du dit pais, en quelle juridiction (...), les dites prinses auront esté faictes. Si donnons en mandement à nostre maistre des eaux et forestes ou à ses lieuxtenants et nos autres justiciers et officiers (...), que le dit escuier laissent joir et fachent à luy obeir (...), et auxi le facent paier les sommes qui à cause de ce pourroient estre duez et sur les personnes qui en tel cas ont accoustume paier et contribuer et non autrement (...)" (95).



Fait chevalier, il fut "garde du scel des obligations de la vicomté de Valognes" (succédant à Pierre de Lastelle, clerc) (96), après avoir été, comme écuyer, "garde du scel des obligations de la vicomté de Chierebourg" , en 1422-1423. Cette vicomté avait été créée, parce que celle de Valognes n'était pas tenable pour l'occupant (97).

Il était assez rare qu'un chevalier ait une "fonction publique" de cette moindre importance. Il exercera cet office jusqu'en août 1450 (98).

Le 29 mars 1429, tous les nobles du duché durent être à Vernon. Les commandants de cette troupe furent, pour les vicomtés de Carentan, de Valognes et de Coutances, messire Jean d'Oissy, messire Jean Fortescu, chevaliers et Jean Sauvage, écuyer (99).

Le 3 avril 1429, Jean Fortescu, chevalier, faisait la montre de sa compagnie à Vernon (100). Ces hommes devaient escorter un convoi de vivres destiné au ravitaillement de l'armée anglaise devant Orléans :

"Monstre de 4 lances et 12 archers à cheval de la retenue de messire Jehan Fortescu, chevalier, du nombre des 100 lances et 300 archers ordonnez soubz le gouvernement de monseigneur le comte de Suffork, lieutenant du Roy, sur le fait de sa guerre en bas pays de Normandie, pour faire guerre aux ennemis du Roy nostre sire estans à Montmorel, Montaudain, Mont Saint-Michiel et ailleurs en pays d'Avranchin, prise à Saint-Lô, le troisième jour d'avril 1429, avant Pasques, par nous Jehan Harpelay, chevalier, bailli de Constantin, et Nicolas Françoys, contrerolleur de la garnison dudit lieu de Saint-Lô, à ce commis par messeigneurs les trésorier et receveur général de Normandie :

"Ient. Hommes d'armes :
Messire Jehan Fortescu, chevalier;
Thomas du Bosc;
Jehan Martyn;
Guillaume Vauquelin, sans hernois de jambe".

"2ent. Archers : Jehan Neel;
Colin Josset l'aisné;
Guillaume Poisson;
Colin Josset le jeune;
Simon Poulet;
Jehan de Beuseville;
Jehan le Noir;
Jehan Regnault;
Thomas Parker;
Perrin Blessot;
Johan Moureton;
Johan Pilet;
Noël Lemperière".

"Rien rabatu par la faulte du harnois de jambe par l'ordonnance de monseigneur le conte, pour les causes contenues en la fin des monstres dudit monseigneur le conte. En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de nos saings manuelz, l'an et jour dessus diz. J. Harpelay. Afraunceys".



Le 18 juin 1432 est fait mention de "messire Jean Fortescu, chevalier bacheler, 6 autres lances et les archiers, sa persone et un autre chevalier bacheler comprins" , dans une montre ordonnée sur les marches de l'Avranchin (101).

Les raisons de la soumission de Jean Fortescu sont diverses : raisons personnelles, tout d'abord. Son frère Pierre restera au service du roi de France. Mais les nobles rebelles au gouvernement anglais furent relativement peu nombreux. Ils prirent le parti des Anglais pour des raisons intéressées. Ils conservèrent leurs terres et les offices qu'ils reçurent, représentaient des avantages financiers et sociaux importants.

Le facteur géographique compte également : la vicomté de Valognes fut sans doute plus anglophile que d'autres régions de Normandie, ayant un esprit de résistance moins vigoureux (102). Cela n'empêche pas Guillaume Osber, vicomte de Valognes, allié des Anglais et gendre ou beau-frère de Jean Fortescu, de rendre à Charles VII, roi de France, "d'aucuns plaisirs et services" (103), pour avoir organisé un complot contre les Anglais.

Henri V, dans tous ses actes, évoque la Coutume de Normandie. Il se veut non pas un conquérant étranger, mais un héritier qui rentre dans ses droits (104). La soumission vient peut-être de la nostalgie de la puissance anglo-normande. Jean Fortescu portait le même nom et se reconnaissait aux mêmes armes que John Fortescue, gouverneur anglais de Meaux en 1420 (105).

Jean Fortescu mourut avant 1455, laissant :
- Tristan (suivra en 4).
- Richard, mentionné par Montfaut à Ste-Marie-du-Mont en 1463 ?
- Guillaume, prêtre, curé de Montaigu-la-Brisette : "Es assises des patronnages des églises vuides et vacans de la viconté de Valloignes", nomination à la cure de St-Martin-de-Montaigu, vacante par la mort de Raoul Tourtel, dernier recteur et curé de ce lieu, de Guillaume Fortescu, prêtre, après accord entre :
Jehan Fortescu, chevalier, seigneur par usufruit de la terre et seigneurie de Montaigu et Tournebut.
Tristan Fortescu, son fils.
Jehan de Grimouville, écuyer, seigneur de Carantilly.
Guillaume d'Anneville, écuyer, de Montaigu (106).
- Colliaux. Lord Clermont la dit fille de Jean Fortescu et de Jeanne d'Anneville (107). Elle épousa Guillaume Osbert, seigneur de Tesson et de Clitourps, vicomte de Valognes sous la domination anglaise (108).


3c) Pierre

Ecuyer, sans doute fils de Jehan Fortescu, capitaine du Pont-d'Ouve. A l'opposé de Jean, il ne se soumit pas à la domination anglaise et resta au service du roi de France.
En 1418, il était à la tête de 18 écuyers dans l'armée levée pour la défense de la Touraine contre les Anglais. Le 12 décembre 1418, il était présent au siège de Tours (109).
Le 31 mai 1419, il confesse avoir reçu du trésorier des guerres, 90 livres tournois pour ses gages et ceux de onze autres écuyers de sa compagnie au service du roi de France (110) :

"Sachent tous que je Pierre Fortescu, escuier, confesse avoir eu et recu de Hemon Ragnier, tresorier des guerres du Roy notre seigneur, la somme de cuatre vins dix livres tournois en prest et paiement sur les gaiges de moy escuier, et de unze autres escuiers de ma compaignie desservis et a desservir au service du Roy notre dit Seigneur et de Monseigneur le regent le roy, alencontre les Anglois qui de present sont en Duchie de Normandie, Contrez du Maine et du Perche et en plusieurs autres parties voisines; et partout aillieurs ou il plaira a mon dit seigneur le regent ordonner, en la compaignie de Monseigneur de Narbonne, et soubz le gouvernement de mon dit seigneur le Regent. De la quelle somme de iiij XX X l.t., je me tieng pour content et bien paie, et en quitte le dit tresorier et tous autres. Donne en tesmoing de ce soubz mon scel, le dernier jour de may l'an mil CCCC et dix neuf".

On ne connait rien d'autre sur lui.


3d) Richard

Lord Clermont le dit fils de Jehan Fortescu et de Guillemette du Hommet (111). Ecuyer, seigneur des fiefs du Buisson et d'Estaville, assis en la paroisse de Ste-Marie-du-Mont, du fief de Franquetot, assis à Coigny (112) et Cretteville, et d'une "vavassorie" à Huberville : "Les hers Jehan de Beuseville de Hubertville doivent à Richart Fortescu a cause de Guillete du Hommet, sa mère, onze livres tournois de rente a jour Saint-Michel" , pour une franche "vavassorerie" située à Huberville et qui s'étend à St-Germain-de-Tournebut (113). Il aurait épousé Madeleine de Mons (114).

Le 2 décembre 1428, il passait en revue la montre de Guillaume Glasdal, bailli d'Alençon (115). Le 29 octobre 1453, il était aux assises d'Evreux (116).
Il a laissé un chartrier, publié par Lord Clermont (117). Ce chartrier fut acquis en 1862 par le British Museum.
En 1878, Léopold Delisle le décrivait ainsi (118) : "64 feuillets, petit in-4°. Ecriture du règne de Charles VI". Il fut sans doute rédigé plus tardivement, comme le souligne Lord Clermont (119).
"C'est le chartrier ou sont les rentes de Richart Fortescu, escuier, seignour du Buisson et les tenans dudit fieu en la maniere qui ensuit fait et ordonne".

1) Tenures du fief du Buisson à Ste-Marie-du-Mont, appartenant à noble homme Richard Fortescu, écuyer, seigneur dudit fief du Buisson, et les noms des personnes qui les tiennent et les rentes et services qu'ils en doivent (pp. 1-12).
2) Rentes de Ste-Marie-du-Mont qui ne sont pas en franc-fief (pp.12-15).
3) Tenures du franc-fief d'Estaville à Ste-Marie-du-Mont, appartenant à Richard Fortescu, écuyer, seigneur dudit fief d'Estaville, et les noms (...), (pp. 16-25).
4) Tenures du franc-fief de Mons à Ste-Marie-du-Mont et Brucheville, appartenant à Jehan Fortescu, écuyer, seigneur dudit fief de Mons, et les noms (...), (pp. 26-33).
5) Tenures du franc-fief de Franquetot à Coigny et Cretteville, appartenant à (120) Fortescu, écuyer, seigneur dudit fief de Franquetot, et les noms (...), (pp. 34-59).
6) La manière dont Richard Fortescu, écuyer, seigneur du Buisson, tient sa terre et de qui, et les rentes qu'il en doit (pp. 60-64).
7) La teneur de la lettre comme Drouet du Buisson, écuyer, bailla à Jehan Fortescu, écuyer, le fief du Buisson, avec toutes ses appartenances assises en la paroisse de Ste-Marie-du-Mont (pp. 65-70).
Richard Fortescu est l'auteur d'une branche de la famille qui resta à Ste-Marie-du-Mont.

En 1527, aveu rendu aux religieux de Notre-Dame-du-Voeu par Guillaume Néel, à cause de sa femme, de 10 perches de terre assises sur "le hamel de la Rivière", à Ste-Marie-du-Mont. L'avouant doit un demi boisseau de froment et douze deniers de rente, passant par la main de "Jehan Fortescu, qui dessert à present" l'aînesse ayant appartenu à Michel Requier (121).


En 1540, Guillaume Fortescu, sieur du Buisson, demeurait à Ste-Marie-du-Mont (122). Charles aux Epaules rendit aveu au roi pour le fief du Buisson, ayant appartenu à Guillaume Fortescu (123).
Les archives de l'Abbaye de Cherbourg conservaient une déclaration des héritages qui furent à la famille Fortescu (XVIe siècle) (124).
En 1576, bail d'une pièce de terre de neuf vergées, située au marais, à Ste-Marie-du-Mont, saisie sur les nommés Fortescu, et réunie à la baronnie de Neuville (124).
En 1577, autre bail d'une pièce de terre de 18 vergées, située également au marais et saisie sur les Fortescu (1).
La famille Fortescu était encore représentée à Ste-Marie-du-Mont au XVIIIe siècle :
Le 4 novembre 1700, baptême à Sainteny de Jean Pellevé, fils de Pierre Pellevé, d'Auville-sur-le-Vey et de Marie de Fortécu, de Ste-Marie-du-Mont (125).
Le 9 septembre 1771, fut passé le contrat de mariage de Guillaume Fortécu, artisan, originaire de Ste-Marie-du-Mont et demeurant à Carentan, fils de feu Vincent Defortécu et de feue Françoise Risbey, d'une part, et de Jeanne Françoise Le Bourg, veuve de Jean Le Nesley et fille de Jean-François Le Bourg et de Jeanne de Gouey, de Ste-Marie-du-Mont, et demeurant à Carentan. La future apportait une dot estimée à 420 livres 16 sols, dont 220 livres en argent (126).



4) Tristan

Fils de Jean Fortescu et de Jeanne d'Anneville (127). Il fut maintenu noble par Montfaut en 1463, au Mesnil-Angot (128).

En 1465, Jean de Villiers, écuyer, seigneur et baron du Hommet en sa partie, le désigne comme tenant de sa baronnie, "avec la damoiselle sa femme, à cause d'elle, une franche verge de prévosté, assise illec et environs", dans un aveu rendu au roi (129).

Il épousa demoiselle Jacquemine Le Carpentier, fille de Jean Le Carpentier, écuyer, seigneur du Mesnil-Angot et de Grouchy en la Chapelle-Enjuger. Ainsi, dans un aveu rendu au roi en 1508, par Georges de Tournemine, baron du Hommet, en la partie de Villiers, elle est présentée comme détentrice d'une "franche verge de prévosté", dans des termes identiques à ceux de l'aveu de 1465. Dans un procès intenté au curé du Mesnil-Angot, par Léonor de Fortescu, écuyer, sieur de la Chesnée, le 2 mars 1693, à cause de l'inaccomplissement de services religieux pour l'âme de messire Jean Le Carpentier, écuyer, seigneur du Mesnil-Angot et bienfaiteur de l'église du lieu, ledit Léonor soutint que le donateur était son aïeul (130).

Tristan Fortescu portait le titre de seigneur du Mesnil-Angot, lorsqu'il fut assigné le 4 janvier 1470, pour estimer les fiefs de la Rivière et de Soulles, situés en la paroisse de St-Fromond, et mis en criées par suite d'un décret prononcé en 1462, contre Jean de Montenay (130).

Il laissa plusieurs enfants :
- Nicolas (131), auteur de la branche de la Vieille-Court (suivra en 5a).
- Pierre, son héritier (suivra en 5b).
- Jacques, auteur de la branche de Langlet (suivra en 5c).
- Jean, alias Yves, alias Yvon (131). Il était sans doute prêtre (132). Le 23 septembre 1523, il déclarait qu'il n'était ni héritier ni mêlé en quoi que ce soit dans la succession de son frère Nicolas (133).
- Richard, dont le nom est mentionné dans un procès en 1521 (134).
- Lubin ? Son nom apparaît le 19 décembre 1521, dans un acte de procédure passé au bailliage de Carentan (134).
- Marguerite, alias Mariette (135). Elle épousa Charles Beaugendre, écuyer, de la paroisse de Ste-Marie-du-Mont, à la fin du XVe siècle. Paris situe le contrat de mariage le 4 février 1500 (136).
- Catherine (135), dont la tombe était située dans le transept méridional de l'église de Ste-Marie-du-Mont (137).
Le 7 octobre 1486 (138), Charles Beaugendre était tuteur des enfants mineurs de feu Tristan Fortescu. Sa succession fut partagée le 2 mars 1500 (136).




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